À CANNA nous nous nourrissons des histoires des horticulteurs passionnés partout au Canada qui font échos à notre communauté et qui nous inspirent à voir grand.
LE PARCOURS
Aaron, parlez-nous un peu de vous.
Aaron: Je suis le chef de la direction de la Canadian Rockies Hemp Corporation, ancien coureur de motocross et cultivateur autorisé en vertu du RAMFM dans mes temps libres.
Nous avons fondé Canadian Rockies Cannabis en 2016, une entreprise axée sur la culture intérieure de cannabis médical et la culture extérieure du chanvre à des fins industrielles. Peu de temps après, nous avons constaté que l’Alberta avait aussi besoin qu’on développe le secteur de la culture extérieure. Notre équipe est alors partie en tournée pour découvrir ce qui se faisait en Europe au chapitre de la culture du chanvre. Nous avons ensuite été en mesure de nous tourner vers la culture du chanvre industriel à plus grande échelle.
Aujourd’hui la Canadian Rockies Hemp Corporation est l’un des plus grands cultivateurs de chanvre en Amérique du Nord, une culture qui s’étend présentement sur 12 000 à 13 000 acres sous forme de contrats avec de plus en plus d’agriculteurs en Alberta qui ajoutent le chanvre à leur rotation des cultures.
« Il a fallu mettre beaucoup d’efforts pour éduquer les agriculteurs concernant la différence entre le chanvre et le cannabis afin de réussir à les embarquer dans le projet et d’ajouter le chanvre à leur rotation des cultures. »
Racontez-nous comment vous êtes devenu un horticulteur passionné.
Aaron: J’ai grandi sur une ferme en Alberta; ma famille vient d’une longue lignée d’agriculteurs ukrainiens. Ma mère est aujourd’hui à la retraite et cultive le plus gros jardin urbain que vous n’avez probablement jamais vu.
Il fut un temps où je détestais l’agriculture et le jardinage. Pour moi, c’était une corvée, mais au fur et à mesure que ma carrière dans le monde du motocross prenait de l’ampleur, mes blessures progressaient également. Après cinq blessures aux genoux et 25 os cassés, j’ai finalement essayé le cannabis médical pour la première fois à 25 ans. Cette plante, en conjonction avec une pratique de yoga régulière, a complètement changé ma vie. Je n’étais même plus capable de jouer au golf et grâce à ces changements, je ne ressens plus aucune douleur.
Je me suis alors renseigné sur le programme du RAMFM et un horticulteur désigné m’a appris les ficelles du métier.
Dès que j’ai commencé à comprendre la plante et les effets qu’elle avait sur la vie des gens, la passion de la voir croître est tout de suite née chez moi.
Sa capacité à aider à soulager les affections liées au stress, à la douleur chronique, au cancer, à la sclérose en plaques… c’est une plante tout simplement merveilleuse à cultiver.
Comment votre passion pour la culture a-t-elle évolué au cours des deux dernières années?
Aaron: Ça l’a été un parcours difficile, mais intéressant. Les pratiques de culture biologique sont déjà difficiles à mettre en œuvre dans un environnement intérieur, imaginez à l’extérieur, sur de milliers d’acres. Enrichissement des sols, pesticides, herbicides… il n’y en a pas de facile, surtout qu’il y a aujourd’hui beaucoup de maladies qui s’attaquent aux sols.
La rotation des cultures adoptée par les agriculteurs en Alberta s’étend sur au moins trois ans, et le chanvre convient parfaitement à cette pratique. C’est tellement excitant d’aider les agriculteurs dans leur transition, non seulement vers la culture du chanvre, mais également vers l’adoption de pratiques biologiques naturelles qui sont réalistes pour eux.
J’aime aussi voir qu’il y a des agriculteurs novateurs, que la mentalité de la vieille école commence à progresser.
« La capacité de prendre une des plus anciennes plantes de la planète et de l’intégrer à l’agriculture moderne, une culture dont peuvent tirer parti les agriculteurs, les entreprises et les consommateurs de partout dans le monde… voilà l’un des plus grands défis, et l’une des plus belles occasions, pour l’humanité. »
UNE PASSION POUR
LA CULTURE
Quel est votre élément favori du processus de culture?
Aaron: La récolte. La floraison. Le moment où tout devient réalité.
On va se l’avouer, c’est génial… mais terriblement long [rire].
Quelle serait la partie la moins intéressante du processus selon vous?
Aaron: Le mélange des sols.
Les sols vivants se composent de toutes sortes de types de fumiers et le temps que ça se stabilise, c’est terrible. La décomposition dure environ un mois, pendant lequel vous devez mélanger le sol et l’enrichir. C’est le prix à payer pour avoir une culture biologique.
Quelles caractéristiques recherchez-vous le plus lorsque vous vous procurez des engrais et pourquoi?
Aaron: Nous optons pour des produits biologiques.
L’aspect le plus difficile dans la culture est de trouver les bons substrats pour votre système, votre environnement et votre produit final. Nous avons essayé toutes les options… Maintenant nous utilisons des produits biologiques, car nous voulons offrir aux consommateurs les produits les plus sains qui soient.
Nous avons recours uniquement à un système de contrôle des ravageurs, de compagnonnage des plantes et de lutte antiparasitaire intégrée. Nous n’utilisons aucun pesticide.
« La vie microbienne est foisonnante dans un environnement de culture biologique. Les micronutriments et les macronutriments s’accumulent dans le sol et contribuent à produire des plantes en santé, que vous n’avez même pas à rincer. Il suffit d’appliquer de l’eau, sans engrais synthétique, puisque le sol regorge de nutriments qui procurent un profil de saveurs qu’il est impossible d’atteindre avec des engrais synthétiques. »
Quels ont été certains de vos plus grands défis?
Aaron: L’éducation. C’est un obstacle majeur, surtout dans la culture du chanvre. Le chanvre est simplement une autre culture contrôlée par Santé Canada, et les agriculteurs étaient habitués à faire pousser de la nourriture, et pas spécialement au fait de devoir subir une vérification de leurs antécédents judiciaires ni au fait d’avoir à faire analyser des échantillons des plants cultivés dans chacun de leurs champs. Il y a quelques années, les réactions de la plupart des agriculteurs étaient : « Non, je préfère cultiver le blé. »
Finalement, il y a deux ans, Santé Canada a éliminé les exigences relatives aux analyses d’échantillons et aux antécédents judiciaires.
Quelle serait LA chose que vous aimeriez dire à tous les consommateurs à propos du processus de culture?
Aaron: Nous sommes véritablement passionnés par la production de produits finaux de qualité supérieure pour les consommateurs.
Dans les années à venir, pour quel aspect aimeriez-vous être reconnu au sein de la communauté de la culture du cannabis?
Aaron: Comme quelqu’un qui a une vision durable à long terme et une entreprise responsable qui place les agriculteurs, les horticulteurs et les consommateurs au cœur de ses priorités.
Y a-t-il une personne que vous admirez particulièrement dans l’industrie du cannabis? Qui, et pour quelles raisons?
Aaron: Jan Slaski. Jan est le chercheur principal à InnoTech Alberta. Il détient deux, et peut-être même trois doctorats (!?) et étudie le cannabis depuis plus de deux décennies, et ce, tant sous forme de chanvre que de plante à haute teneur en THC. C’est largement grâce à lui que l’industrie du chanvre existe en Alberta.
Quel mythe aimeriez-vous dissiper à propos du cannabis?
Aaron:
- Je crois qu’il est important de mentionner que l’étape du séchage et du vieillissement est souvent sous-estimée. Pourtant, à cette étape, vous pouvez transformer un très beau produit en un produit terrible.
- La mentalité selon laquelle les variétés sativa sont pour le jour et les variétés indica pour la nuit est erronée. Très peu de variété sont purement indica ou sativa de nos jours; la plupart sont hybrides. Il existe des sativa à très forte teneur en THC qui peuvent vous endormir et vice-versa.
Recommandations d’Aaron
Consultez différents forums et lisez à propos des expériences des autres :
- The Grow Bible;
- True Living Organics,
- Des groupes Facebook destinés à la culture du cannabis (la plupart ne sont pas pertinents et nuisent plus qu’autre chose, mais certains sont très utiles).
