De nouvelles variétés de plantes peuvent être créées en procédant au croisement de variétés existantes et en prenant soin de sélectionner chaque semence obtenue en fonction des propriétés voulues. Certaines de ces propriétés peuvent se traduire par une meilleure récolte, une saveur rehaussée, une période de floraison écourtée ou une plus grande résistance aux diverses maladies. Cependant, en plus d’être très long, le travail de sélection des semences en fonction de leurs propriétés entraîne souvent d’autres inconvénients.

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Do's and don'ts of variety mixing

En fait, l’introduction d’une nouvelle propriété peut en faire disparaître une autre. Par exemple, une nouvelle variété pourrait offrir une saveur bien spéciale tout en ayant développé une plus grande sensibilité au mildiou. Si le mildiou attaque l’une des variétés, la fructification risque d’être réduite en plus de ne pas offrir la saveur délectable escomptée. C’est donc une perte! Toutefois, il est possible d’offrir une protection à ces plantes, et ce, sans devoir recourir à la vaporisation foliaire.

L’avènement de la monoculture

Il y a environ 200 ans, l’agriculture en Europe a subi des changements radicaux, c’était la période de la révolution agricole. Dès lors, les engrais artificiels, les machines agricoles et de nouvelles variétés de plantes ont fait leur entrée dans l’univers agricole.

Une nouvelle méthode de culture s’est développée afin de s’adapter aux réalités émergentes : c’est l’arrivée de la monoculture. À cette époque, ce système de culture était pratiquement le seul connu par la population, c’était donc la méthode utilisée par la plupart des cultivateurs. Une monoculture consiste à cultiver une seule variété dans un espace limité à l’intérieur ou sur une parcelle extérieure.

En jardins intérieurs, on parle de monocultures extrêmes lorsque chaque bouture provient d’une même plante mère. Du point de vue de la génétique, c’est l’équivalent de cultiver une seule et unique plante. Cependant, la monoculture possède aussi ses avantages. Notamment, chaque plante réagit de la même façon aux nutriments et aux conditions d’éclairage, donc chaque plante revêt une apparence similaire.

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L’avènement de la monoculture a entraîné la naissance des machines agricoles et a permis aux agriculteurs de cultiver des parcelles plus vastes. Illustrations offertes par : http://www.kvg-wieringermeer.nl

Les inconvénients de la monoculture

Malheureusement, la monoculture comporte aussi certains inconvénients. Une monoculture peut générer d’excellents rendements dans des conditions idéales, mais tel n’est pas toujours le cas. L’un des plus grands inconvénients liés à la monoculture demeure, et demeurera toujours, les pertes considérables occasionnées par les maladies et les insectes nuisibles. Ces pertes sont dues à une propagation rapide des maladies dans une culture composée de plantes toutes aussi vulnérables les unes que les autres. Il faut savoir reconnaître les problèmes de façon ponctuelle et agir rapidement, sans quoi, toutes les plantes en souffriront. En fait, la solution idéale à ce problème semble plutôt simple: il suffit de cultiver une variété de plantes résistantes aux maladies et aux parasites. Cependant, dans bien des cas, une telle solution n’est tout simplement pas envisageable, par exemple:

  1. Il n’existe aucune variété (suffisamment) résistante aux multiples maladies et parasites qui accablent l’horticulteur.
  2. La culture de l’horticulteur est assaillie par plus d’une maladie ou plus d’un parasite sans qu’il n’existe aucune variété résistante à cette combinaison.
  3. La variété résistante possède des propriétés que l’horticulteur ne souhaite pas avoir.
  4. Les pesticides ne sont pas suffisamment efficaces pour combattre la maladie ou empêcher l’épidémie.
  5. Il est impossible de recourir aux pesticides, par exemple, en culture organique.

Un voyage dans le temps, à l’époque précédant l’avènement de la monoculture, nous permettra d’apporter des solutions viables aux quatre dernières situations. Pour ce qui est du premier cas susmentionné, certaines mesures d’hygiène ainsi qu’une vaporisation foliaire (préventive) pourraient s’avérer deux solutions satisfaisantes.

Diverses formes de culture

Avant l’ère de la monoculture, l’on cultivait plusieurs espèces sur une même parcelle. Dans plusieurs pays aujourd’hui, cette méthode réapparaît afin de protéger les cultures contre les maladies et les épidémies. En Chine, par exemple, on cultive de très grandes quantités de blé et, pour pallier les dommages causés par les insectes, on intercale semences de blé et graines de coton. Cette méthode, qui consiste à cultiver diverses espèces dans une même parcelle ou zone de culture, se nomme la culture mixte.

Tout cela paraît bien intéressant, mais l’horticulteur estil vraiment prêt à consentir des efforts supplémentaires pour cultiver ses poivrons parmi ses laitues? En fait, il existe d’autres méthodes de culture mixte, dont la culture de variétés mixtes. Comme son nom l’indique, cette méthode consiste à cultiver simultanément diverses variétés d’une même espèce. Aux États-Unis, on utilise cette méthode abondamment afin de cultiver le grain. La culture de variétés mixtes est une pratique beaucoup plus commune que l’on pourrait imaginer.

En fait, les terrains de soccer et la pelouse d’un jardin sont composés d’un mélange de variétés d’herbes. La culture de variétés mixtes offre les avantages de la monoculture et de la culture mixte, pour peu que l’on sélectionne des combinaisons de variétés appropriées.

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Do's and don'ts of variety mixing
Exemples de cultures mixtes. Ici, nous pouvons observer plusieurs variétés de plantes disposées en rangées, ce qui empêche les maladies de se propager sur toute la zone de culture. Les rangées forment une barrière physique et ont un effet dissuasif sur les organismes provoquant les épidémies. Diverses formes de culture mixte existent et les raisons de les utiliser dépassent l’éradication de maladies.

Pourquoi la culture de variétés mixtes fonctionne-t-elle?

Dans cette section, nous examinerons le principal avantage de la culture de variétés mixtes : c’est-à-dire, l’éradication des maladies. L’élimination des maladies repose sur le fait que chaque variété possède un niveau de vulnérabilité aux maladies différent des autres. L’exemple suivant illustre bien ceci. Deux variétés sont cultivées ensemble et plantées successivement. L’une d’entre elles est très résistante au mildiou, tandis que l’autre y est très sensible.

Le schéma démontre que le mélange de plantes empêche la prolifération de la maladie de deux façons:

  1. La distance entre les plantes vulnérables étant plus grande (effet d’isolement), les spores de mildiou qui tombent d’une feuille infectée n’atteindront pas une autre plante vulnérable.
  2. Les plantes de la variété résistante forment une barrière entre les plantes vulnérables. Ainsi, les spores de mildiou, qui, en monoculture, seraient tombées suffisamment loin de la feuille infectée pour atterrir sur une autre plante vulnérable, tombent plutôt sur une plante résistante.

Malheureusement, en pratique, aucune variété n’est entièrement résistante à une maladie. Néanmoins, une résistance imparfaite n’empêche pas les cultures à variétés mixtes de produire de bons résultats. Le principe consiste à ralentir la prolifération d’une maladie. Ainsi, plus la variété est résistante, plus la propagation sera retardée.

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Chez les plantes vulnérables, les spores de mildiou infectent les plantes avoisinantes qui, à leur tour, infectent leurs voisines.

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L’effet d’isolement. Puisqu’il y a une plus grande distance entre les plantes vulnérables et qu’elles sont cultivées parmi des plantes plus résistantes, les spores présentes sur les plantes malades éprouvent plus de difficulté à atteindre les autres plantes vulnérables.

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L’effet barrière. En cultivant des plantes vulnérables parmi des plantes résistantes, une barrière physique se crée et les spores de mildiou ont peine à se répandre.

Les idées préconçues liées à la culture mixte

Les gens s’imaginent souvent, à tort, qu’en cultivant simultanément deux variétés en culture mixte, l’occurrence de maladies sera réduite de moitié. En réalité, le degré d’infection d’une culture correspond à la racine carrée du pourcentage de la propagation de la maladie. En d’autres termes, en réduisant la propagation de la maladie de moitié, le degré d’infection est pour sa part réduit de la moitié de la racine carrée. Par exemple, si, dans une monoculture, 64% d’une variété vulnérable est infectée, le degré d’infection correspondra alors à 82. Dans une culture mixte combinant cette même variété vulnérable avec une variété résistante, le degré d’infection serait réduit de la moitié de la racine carrée, c’est-à-dire 42, donc 16%.

Les gens ont tendance à éviter la culture mixte de peur que leur récolte soit moins abondante. Pourtant, dans la quasi-totalité des cas, la moyenne du rendement de deux récoltes en monoculture est inférieure à son équivalent en culture mixte. De plus, en culture mixte, le stress imposé aux plantes en raison des maladies est amoindri et certains autres facteurs jouent un rôle favorable également, tels qu’une utilisation plus efficace de l’éclairage.

Bien que vous deviez cultiver votre variété favorite, qui est plus vulnérable, en moins grande quantité, le rendement par plante atteint un niveau substantiellement supérieur. Malgré tout, vous ne devriez pas tenter l’expérience d’une culture mixte si vous croyez pouvoir obtenir un meilleur résultat en monoculture.

Inconvénients d’une culture de variétés mixtes

L’on ne devrait pas cultiver deux variétés vulnérables ensemble. C’est inutile. Il faut choisir la variété la plus résistante des deux et la cultiver en monoculture. À la fin des années soixante-dix, les fermiers hollandais ont tenté de cultiver simultanément diverses variétés de blé afin de contrer les attaques de rouille, mais ils ont échoué lamentablement, car les variétés sélectionnées n’offraient pas une résistance assez forte. La culture mixte sert à cultiver des variétés vulnérables qui possèdent des propriétés particulières. Lorsque l’on sélectionne les variétés à cultiver, il est important de prendre en considération la hauteur éventuelle de la plante. Si la hauteur de deux variétés varie énormément, elles pourront difficilement être cultivées ensemble puisque les plus hautes empêcheront la lumière d’atteindre les plus petites. Donc, les variétés poussant à une hauteur comparable peuvent facilement se cultiver simultanément dans une même zone de culture. Ensemble, elles atteindront généralement une hauteur moyenne.

De plus, il faut savoir que pour pouvoir retarder la propagation de maladies, une quantité suffisante de plantes doivent être cultivées dans une même zone. Donc, par définition, la culture mixte ne serait pas appropriée à une salle de culture, la quantité de plantes étant insuffisante. Pourtant, le cultivateur amateur peut tirer profit de la culture mixte, car ses plantes sont bien souvent très rapprochées les unes des autres. Il ne faut pas oublier que la culture mixte ne fera que retarder la propagation d’une maladie.

Donc, dans les cas où l’infection d’une culture est homogène ou sévère, les avantages d’une culture mixte seront faibles ou même nuls.

Mettre la théorie en pratique

Si vous souhaitez sélectionner certaines variétés à cultiver par vous-même, vous découvrirez rapidement que très peu de renseignements sont connus à propos du niveau de résistance des diverses variétés. Même si la résistance est indiquée, le degré de résistance, lui, n’apparaîtra pas. Malheureusement, ceci rend la création d’un bon mélange plus difficile. Le peu de variétés résistantes apparemment disponibles mène presque à croire que les Lorsque vous aurez trouvé une variété suffisamment résistante, vous pourrez la cultiver de différentes façons.

Si vous cultivez à partir de semences, il est possible de mélanger les graines avant de les semer en utilisant, par exemple, un mélangeur à ciment. Vous pouvez également semer les graines en rangées distinctes. Il est important de noter que l’on peut cultiver plus de deux variétés simultanément.
Si vous cultivez à partir de boutures, d’autres choix s’offrent à vous. Deux bonnes suggestions seraient de planter vos boutures aléatoirement ou de les placer en rangées de façon à ce qu’elles soient perpendiculaires au système de ventilation. Il faut toutefois se rappeler que le mélange de plantes sera inutile si vous devez circuler entre elles. De cette façon, vous seriez la cause principale de la propagation d’une maladie!

Retour sur les problèmes soulevés plus tôt:
Que devons-nous faire lorsqu’une culture est atteinte par de multiples maladies ou contagions et qu’aucune variété de plantes ne résiste à cette combinaison pathogène? Une solution envisageable serait de mélanger, par exemple, une variété résistante au Botrytis (pourriture des bourgeons) avec une variété résistante au mildiou.

Si la variété résistante n’offre pas les propriétés distinctes que vous souhaitez obtenir, vous pouvez cultiver votre variété favorite, vulnérable aux araignées rouges, avec une autre variété qui, elle, y serait résistante.

Bien que la culture mixte puisse parfois procurer un certain réconfort, il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Ainsi, vous pourrez cultiver votre variété favorite en monoculture et savourer pleinement les fruits de votre labeur.

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