Les gens cherchent toujours la prochaine révélation. Lorsqu’elle n’est pas encore sur le marché, ils ont tendance à essayer de la créer d’eux-mêmes. Bien que les résultats qu’on obtient en cultivant sur de la fibre de coco pure sont plutôt indéniables, un amendement du mélange peut s’avérer bénéfique dans des conditions précises seulement. Pour en récolter les fruits, il faut comprendre les effets d’un amendement sur les caractéristiques du mélange. Quelle que soit la méthode d’amendement choisie, elle entrainera des répercussions mécaniques ou chimiques, peut-être même les deux.

Amender pour altérer les propriétés mécaniques

Lorsque des produits comme la perlite, la vermiculite ou les billes d’argile sont ajoutés à la fibre de coco, ils influencent surtout le drainage et l’aération du milieu de culture. En plus des effets causés par les différences naturelles de forme et de grandeur, chaque substrat possède une capacité de rétention d’eau qui lui est propre. Le tableau ci-contre illustre quatre milieux de culture typiques. L’axe Y représente le volume d’eau et l’axe X représente la pression selon la grandeur en cm. Alors que la grandeur augmente, la pression monte aussi et chaque milieu retient une proportion différente de sa capacité totale de rétention d’eau. Essentiellement, ce graphique démontre le pouvoir de rétention d’eau de chacun. On peut aussi analyser le tableau sous un autre angle et dire qu’il représente la capacité de chaque substrat à laisser l’eau aller.

Si on observe la ligne bleue de la laine de roche, on constate que sa capacité de rétention d’eau initiale est plus élevée que la fibre de coco. La courbe décroissante rapide démontre qu’elle laisse aller l’eau plus facilement et jusqu’à un niveau ultime inférieur à la fibre de coco. En comparaison, si on regarde la ligne pointillée noire de la fibre de coco, la capacité de rétention d’eau initiale est nettement supérieure à celle de la tourbe et elle libère l’eau beaucoup plus vite que la tourbe, et ce, jusqu’à un niveau final semblable. La ligne verte de la tourbe indique qu’elle retient beaucoup d’eau comparativement aux autres. La première chose qu’on observe en ajoutant de la perlite ou des billes d’argile, c’est l’assèchement plus rapide du pot ce qui nécessite une augmentation de la fréquence d’arrosage. Comme on réduit la capacité de rétention d’eau générale du mélange dans son ensemble et qu’on diminue du même coup la quantité d’eau requise pour arroser la fibre de coco, la résistance aux pertes d’eau diminue lorsque la pression augmente.

Dans le tableau, cet amendement se traduirait par un point de départ légèrement inférieur, une courbe descendante un peu plus abrupte au milieu et un résultat final tout juste inférieur. Les billes d’argile et la perlite ne font pas qu’influencer les caractéristiques mécaniques de la fibre de coco, surtout avec certaines marques de billes d’argile. En fait, plusieurs sels résiduels peuvent rester dans le milieu et perturber la CEC naturelle de la fibre de coco, mais surtout le tamponnage qu’elle a subi. Assurez-vous de choisir uniquement les sources les plus propres si vous visez un amendement mécanique seulement.

Image
Coir: Amending Coir
Figure 1 : Plus la courbe est raide, plus facilement vos plants peuvent accéder à l’eau stockée

Amendement pour modifier les caractéristiques nutritives

C’est ici que les choses se compliquent avec la fibre de coco. Comme mentionné plus haut, la fibre de coco n’est absolument pas un remplacement direct des substrats de tourbe et ceci devient très évident lorsqu’on souhaite y ajouter des engrais chimiques ou organiques. Le principal facteur déterminant est la capacité d’échange cationique (CEC) de la fibre de coco.

Ne soyez pas intimidé par le nom aux allures scientifiques. En bref, la CEC désigne la capacité totale de stockage de nutriments. Il s’agit d’une mesure de la quantité de sites chargés négativement auxquels un cation chargé positivement peut s’adsorber. Plus la CEC est élevée, plus la capacité de stockage de nutriments potentielle est grande. Bien que la fibre de coco possède une CEC relativement élevée, comparativement à la tourbe, il n’y a pas de quoi se vanter. C’est donc dire qu’en appliquant un engrais chimique, la longévité du produit ne sera pas la même que dans le mélange de tourbe auquel vous êtes habitué. Avec une CEC inférieure, le milieu n’a pas la capacité de retenir tous les cations immédiatement solubles, donc une plus grande quantité est lessivée lors de chaque arrosage comparativement à la tourbe.

Image
Coir: Amending Coir

1. Les amendements organiques à plus long terme pourraient sembler plus tentants, puisque la libération lente des nutriments permet de ne pas lessiver les fibres aussi rapidement qu’avec un engrais chimique. Pourtant, il ne faut pas se lancer trop vite sur cette route. Premièrement, ce type d’amendement altère les caractéristiques globales du milieu de culture ce qui fait apparaître d’autres problèmes. Les amendements organiques possèdent leur propre valeur de pH, parfois élevée, parfois faible. L’ajout de tels amendements dans la fibre de coco aura pour effet de faire bondir ou chuter le pH du substrat, et ce, jusqu’à atteindre des taux nuisibles. Dans un mélange de tourbe, ces grandes fluctuations du pH auraient été neutralisées par le tamponnage à la chaux.

2. Deuxièmement, en plus de ne pas posséder les mêmes capacités de stockage de nutriments à long terme que la tourbe, on ne sait jamais vraiment ce qui est libéré par l’amendement et dans quelles concentrations. Ceci peut facilement se répercuter sur l’autre type de tamponnage de la fibre de coco, le calcium. Le dérèglement du calcium peut nuire à la disponibilité générale des autres éléments dans la solution nutritive que vous tentez de fournir à la plante. Par exemple, une baisse de  l’apport en calcium pourrait  faire grimper l’apport en potassium.

3. Troisièmement, les amendements organiques dépendent largement de la santé et de la diversité de la vie microbienne dans le substrat. Certaines des fibres de coco de qualité supérieure offertes sur le marché contiennent le champignon Trichoderma, mais celui-ci ne suffit pas pour rendre le cycle d’additifs à base organique efficace. Il en résultera une libération insuffisante et sporadique des nutriments, vous ne saurez donc jamais où vous en êtes et ce qui se trouve dans les pots.

Utiliser la fibre de coco comme amendement

La fibre de coco peut elle aussi servir d’amendement. Avec toute l’excitation qui entoure le caractère durable et la disponibilité continue de la tourbe en tant que milieu de culture, on voit de plus en plus de mélanges de tourbe qui renferment un pourcentage élevé de fibre de coco. Si on l’utilise correctement et que ses caractéristiques physiques sont bien prises en considération, la fibre de coco peut effectivement devenir un excellent additif pour les mélanges à base de tourbe. (Habituellement, la concentration de coco ne dépasse pas 30 % car les caractéristiques propres à la fibre de coco auraient un impact sur le fonctionnement général du mélange final).

De la même façon, la fibre de coco peut servir à améliorer et à conditionner les sols appauvris à l’extérieur. Les sols très argileux bénéficient grandement d’un ajout de fibre de coco, car elle empêche le compactage et favorise le drainage et l’aération du sol.

Le principe K.I.S.S (Keep It Simple Stupid)

La fibre de coco est un substrat fantastique à sa façon. Sa facilité d’emploi et son efficacité sont sans égal. Si vous choisissez d’amender votre fibre de coco, vous pourriez bien vous retrouver dans une situation du genre « ça passe ou ça casse ». Si vous décidez d’emprunter ce chemin, assurez-vous d’y aller doucement et de ne pas plonger tête première. Surtout, évitez d’ajouter tout ce qui vous tombe sous la main d’un même coup. La plupart du temps, vous verrez qu’il est plus sage de simplement laisser tout ça de côté. La mère Hubbard vous en remerciera, et vos plantes aussi.

Tags :